Et si la psychanalyse était, à nouveau, une mythologie…
Petit essai de déconstruction de quelques idées reçues
Date de parution : Avril 2009
La coupure épistémologique que Freud inaugurera à la fin du XIXe en inventant un appareil psychique, dont le pivot était l’inconscient, conçu comme un régulateur d’une énergie psychique sexuelle (la libido), s’est trouvée destituée, dans les années 30, quand Freud constate l’aporie de cette hypothèse. La libido n’a aucune réalité objective et les pulsions sont, selon ses propres dires « des mythes merveilleux ». Il enjoint aux psychanalystes de continuer à y croire. Avec pour conséquence de constituer leur pratique comme un shamanisme moderne. Il faudra attendre la « révolution » lacanienne (structurale et linguistique) de 1953 (Champs et Fonction du langage et de la parole), pour que la psychanalyse tourne le dos définitivement au mythe de l’énergie psychique et des pulsions pour lui substituer l’hypothèse d’un appareil psychique déduit de « l’appareil à langage ».
Appareil psychique qui gère des informations (signifiants) et des significations (signifiés). On aurait pu penser que la psychanalyse s’inscrivait, à nouveau, dans le concert des sciences humaines. Il n’en fut rien. D’autres croyances, issues, entre autres, de la mythologie freudienne du père et de la castration, persistèrent dans l’élaboration de Lacan et en falsifièrent la cohérence. Au point de donner à certains signifiants le statut de mythème sous les espèces du signifiant prétendu maître.
Aussi son élaboration psychanalytique, reprise après sa mort par le discours universitaire, reste aujourd’hui, comme le soutenait Wittgenstein « une mythologie d’un grand pouvoir » ou, selon un autre point de vue, une « philosophie morale immanentiste » promouvant un humanisme et une éthique du désir. Comme si dans l’appareil psychique le désir inconscient, par le truchement du sacro-saint signifiant, autoproduisait un sens qui vectoriserait le sujet. Manière alchimique d’immanence retrouvée.
Ce travail tente, à travers les vicissitudes des conceptions du « penser », de faire apparaître comment et pourquoi on est à nouveau arrivé là où se dévoie le tranchant de l’invention freudienne.